La commune de Pin n’a jamais eu d’armoiries par le passé.
La composition présentée ici a été élaborée par Nicolas VERNOT, Historien spécialisé en étroite concertation, quant au choix des éléments, avec M. Bernard GUILLAUME, historien du village. Le Conseil Municipal a validé cette proposition par délibération en mars 2025 et remercie chaleureusement M. VERNOT et M. GUILLAUME pour les recherches et le travail effectués.
Les armoiries retenues ont été composées dans le strict respect des règles de l’héraldique, née au XIIe siècle, à partir des éléments significatifs de l’identité communale. La composition a été réalisée dans un graphisme contemporain, associant trait vigoureux et couleurs vives : c’est donc l’alliance de la tradition et de la modernité.
Ces armoiries ont été conçues afin d’être un motif de fierté pour les habitants ainsi qu’un emblème permettant de mieux faire connaître la commune à l’extérieur.
BLASONNEMENT
Le blasonnement est la description en langage héraldique des figures et couleurs qui composent l’écu. Cette définition permet de reconstituer le dessin des armoiries si on ne l’a pas sous les yeux.
Coupé en chevron, au 1 : d’azur semé de billettes d’or, à deux têtes de lion de même lampassées de gueules, brochantes et adossées ; au 2 : de gueules, au livre fermé d’argent relié d’or ; au chevron crénelé à plomb d’argent brochant sur la partition, chargé de trois pommes de pin de gueules.
Ornements extérieurs :
- Couronne murale à trois tours d’argent ajourées de gueules.
- Soutiens : l’écu brochant sur un sautoir formé de quatre branches appointées, les deux du chef de hêtre, les deux de la pointe de chêne, de sinople, fruitées de tanné.
À noter : la banderole avec le nom de la commune est facultative : elle ne fait pas partie des armoiries à proprement parler.
SYMBOLIQUE
Ces armoiries ont été composées afin d’exprimer l’identité du village à travers ses caractéristiques historiques, géographiques et patrimoniales.
Une composition basée sur les armoiries de la famille de Chaillot.
La composition générale, structurée par un chevron accompagné de trois meubles, est inspirée des armes de la famille de Chaillot. Elle portait d’azur au chevron d’or accompagné de trois trèfles de même, armoiries toujours visibles en divers endroits du château (garde-corps, plaque de cheminée, vitrail, linteau de porte, manteaux de cheminées…).
Par son mariage avec Catherine Chifflet en 1692, Christophe de Chaillot (1669-1753 entre en possession d’une part de la seigneurie ainsi que du château de Pin. La famille de Chaillot a joué un rôle très important dans l’histoire du village :
- Christophe de Chaillot a fait du château une élégante résidence marquée par le style du XVIIIe siècle ;
- les terres de Pin et Dampierre-sur-Salon furent érigées en marquisat en 1746 en faveur de Christophe Ignace de Chaillot (1701-1765), conseiller puis président du parlement de Besançon ;
- La marquise de Chaillot, Bonaventure née Richard de Villersvaudey (1712-1791), affranchit les habitants en 1771, à un tarif extrêmement avantageux pour eux.
Des têtes de lions tirées des armoiries des familles qui ont présidé aux destinées de la commune pendant des siècles - Les Apremont : le plus ancien seigneur de Pin connu est Guillaume d’Apremont, cité en 1287.
Armes : d’argent au chef de gueules chargé de trois têtes de léopard couronnées d’or. Le léopard héraldique n’est rien d’autre qu’un lion regardant de face. - Les Scey : à la fin du XVe siècle, Jean de Scey (1441-1504) est le principal seigneur de Pin. Il ordonne d’importants travaux au château, désormais plus résidentiel que défensif. La famille de Scey est présente à Pin jusqu’à Louis de Scey, commandant de la ville et des forts de Salins en 1667, décédé en 1682.
Armes : de sable au lion couronné d’or, armé et lampassé de gueules, accompagné de neuf croisettes recroisetées au pied fiché d’or. - Perrenin Ménestrier (1566-v. 1640) fut nommé curé de Pin en 1595, puis, vers 1629, de Courcuire. Il a composé et imprimé plusieurs ouvrages spirituels dans l’imprimerie qu’il avait fondée à Pin en 1625.
Armes : d’azur au lion d’or tenant de sa dextre un étrier d’argent par l’étrivière. - Les Buyer : Olympe de Chaillot (1788-1869) épouse en 1811 Rodolphe de Buyer (1782-1865), un industriel qui prend soin du château. Les armoiries se voient sur un garde-corps et un vitrail.
Armes : d’azur au lion d’argent tenant un écusson d’or à l’arbre (alias : au chêne) de sinople (alias : arraché).
Pin, petite cité comtoise de caractère
Placées sur un semé de billettes, les têtes de lion évoquent les armoiries de la Franche-Comté, ce qui permet ainsi de distinguer le Pin comtois de ses homonymes français. Village comtois typique, avec son clocher à l’impériale émergeant des vastes toits bruns, la commune fait partie du réseau des Cités de Caractère de Bourgogne-Franche-Comté depuis 2023.
La couronne murale à trois tours, attribut héraldique des simples communes, n’est pas obligatoire mais se trouve particulièrement adaptée ici pour évoquer le statut de Cité de caractère ainsi que le château qui domine le village.
Des ressources en eau qui font l’agrément du village
La dominante azur dans la partie supérieure de l’écu rappelle la vallée de l’Ognon ainsi que la douzaine de fontaines, lavoirs et abreuvoirs qui agrémentent les rues du village.
Un village sous le signe de l’arbre, doté d’un riche patrimoine forestier
Les trois pommes de pin constituent une évocation parlante du nom de la commune, mentionné pour la première fois vers 1120 sous la forme latine Pinus.
Les branches de chêne et de hêtre qui encadrent l’écu rappellent l’importance de la forêt dans le paysage et les ressources locales, et plus spécifiquement les deux essences qui en font la réputation.
Un site protégé et défendu :
Le chevron crénelé symbolise le château d’origine médiévale situé en position de hauteur, dominant la vallée de l’Ognon.
Le rouge des pommes de pin évoque la bataille de Pin. Le pont stratégique reliant Pin à Émagny et conduisant à Besançon fut l’objet d’une âpre bataille opposant les troupes de Georges de La Trémoille, qui occupaient militairement la comté au nom du roi de France Louis XI, aux Comtois appuyés par une troupe de mercenaires suisses recrutés par Jean IV de Chalon-Arlay, gouverneur de Franche-Comté. Victoire française sans lendemain, la bataille aurait plusieurs milliers de morts.
L’église Saint-Martin, patrimoine religieux et élément marquant du paysage
Reconstruite de 1737 à 1742, l’église locale, au clocher comtois visible de loin, est placée sous le titre de saint Martin, dont le manteau rouge se détache de manière stylisée en pointe de l’écu, tel une cape.
Pin, village du livre
Le curé Perrenin Ménestrier fonda en 1625 à Pin une imprimerie avec son vicaire Jehan Vernier, qui le remplaça ensuite. Les ravages de la guerre de Dix Ans entraînèrent la fin de l’établissement dès 1636. En dépit de la brièveté de son fonctionnement, l’imprimerie de Pin acquit une certaine renommée en raison de la qualité de ses productions. Le plus célèbre ouvrage sorti de ses presses est sans conteste les Heures de Besançon, plus connues sous le nom d’Heures de Pin, publiées en 1629 puis 1632, maintes fois rééditées, alors même que les éditions originales sont rares et recherchées.
Selon la tradition, l’imprimerie se serait tenue dans la Maison rouge, qui est aujourd’hui la médiathèque du village.
Sur l’écu, l’imprimerie de Pin est évoquée par un livre se détachant sur le pignon pointu de la Maison rouge.
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
Outre les informations collectées auprès de M. Bernard GUILLAUME, ont été consultées les sources suivantes.
Manuscrits :
- HOZIER, Charles d’, Armorial général de France, dressé en vertu de l’édit de 1696 (1697-1709), t. VII : Bourgogne (comté), Bibliothèque nationale de France, Département des Manuscrits, Français 32234, p. 156 (armes des Chaillot).
Sources imprimées - [Coll.] La Haute-Saône. Nouveau dictionnaire des communes, Vesoul, Société d’Agriculture, Lettres, Sciences et Arts de la Haute-Saône, t. IV, 1972, p. 364-368.
- BRUNET, Pascal, « Château de Pin, approche historique et architecturale d’une demeure de la vallée de l’Ognon », Histoire et patrimoine de Franche-Comté. Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, nouv. série n° 59, 2017, p. 219-258.
- DARRICAU, Raymond, « Ménestrier (Perrenin), prêtre, 1566-vers 1640 », Dictionnaire de Spiritualité, Paris, Beauchesne, 1935-1995, t. X, col. 1019, en ligne : http://www.dictionnairedespiritualite.com/appli/article.php?id=6447 (consulté le 03/01/2025).
- DOCHTERMANN, Arnaud, « D’azur et d’or, les Chaillot, une vieille famille de parlementaires comtois », Histoire et patrimoine de Franche-Comté. Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, nouv. série n° 59, 2017, p. 219-258.
- GAUTHIER, Jules et Léon, Armorial de Franche-Comté, Paris, Honoré Champion, 1911, p. 2 (Apremont), p. 25 (Scey), p. 61 (Chaillot), p. 80 (Ménestrier) et p. 114 (Buyer).
- VREGILLE, Bernard de, « À la recherche des “Heures de Pin” », Procès-verbaux et mémoires de l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Besançon et de Franche-Comté, n° 189, 1990-1991 (paru en 1992), p. 111-126.
Recherches, composition héraldique et texte explicatif réalisés par :
Nicolas VERNOT, Historien spécialisé en Art Héraldique